A première vue, Alessan est un jeune homme qui n’est pas spécialement à vivre et c’est le cas en fait : les nombreuses cicatrices qui lui parsèment le corps sont là pour le prouver. Peut-être qu’il les méritait au final, après tout, il est plus qu’énervant. Son arrogance est de loin la chose qui est le pire chez lui ; il a beau n’être qu’un hybride, il se comporte comme s’il était supérieur aux humains. Pourquoi pas après tout ? Ils ont bien décidé seuls qu’ils étaient supérieurs aux demi-animaux et pourquoi pas l’inverse puisque les hybrides ont quelques qualités de leurs homologues animaux. En tout cas, c’est sa façon de passer. Il aime provoquer les humains pour passer le temps, les énerver, les pousser à bout ; c’est une façon comme une autre de s’amuser, et puis, à force de passer tout son temps enfermé dans une cage, il n’a pas vraiment le choix. Caractériel, il n’est pas rare que le demi-loup n’en fasse qu’à sa tête pour tout et n’importe quoi : quelqu’un l’aborde mais ne lui semble pas assez intéressant ? Pas de problème, il l’ignore tout bonnement en attendant que l’autre en ait assez. Alpha dans l’âme, il se montre très souvent – pour ne pas dire trop souvent, voire même toujours – dominant, possessif et même jaloux. Mais en échange de cette possessivité, Alessan est quelqu’un de loyal et de fidèle. Il a besoin de ‘’n’appartenir’’ qu’à une seule et unique personne ; encore faut-il qu’il trouve un jour quelqu’un qui le supporte plus de trente minutes sans avoir envie de le tuer, évidemment. Pour continuer sur la lancée des qualités – aussi rares soient-elles – on peut dire que c’est un jeune homme assez intelligent même s’il se montre souvent trop impulsif pour le prouver. C’est aussi quelqu’un de très protecteur : une fois sentimentalement attaché à quelqu’un, il n’hésitera pas une seconde à le défendre en cas de problèmes et à le soutenir envers et contre tout. Il faut savoir aussi que le demi-loup a tendance à se montrer agressif aux premiers abords, quitte à baisser les oreilles et montrer les dents, mais ce n’est qu’une façon comme une autre de se protéger de certaines personnes, mais aussi d’asseoir sa ‘’supériorité’’ malgré son statut d’esclave qu’il n’accepte aucunement. Tactile et sans gêne, Alessan est du genre à ne pas réfléchir avant de toucher quelqu’un, quitte à l’effrayer, c’est un bon moyen de faire fuir quelqu’un en fait ; mais c’est aussi dans ses gênes de loup, il n’y peut rien, et cela se voit encore plus quand il tient à la personne qui se trouve avec lui. En plus de s’amuser à énerver les autres, le demi-loup se plait à les draguer pour les mettre mal à l’aise ; le problème c’est qu’il n’est pas vraiment subtil durant ces moments et passe très rapidement pour un pervers – ce qui lui plait tout autant à vrai dire –.

Alessan, c’est loin d’être une armoire à glace du type des videurs des boîtes de nuit qui font un mètre quatre-vingt-dix pour cent vingt kilos de muscles. Et puis quoi encore ? Qui aurait envie de prendre sous son aile un mec comme ça ? Lui, il est plutôt dans le style ‘’un mètre quatre-vingt, à peine musclé, mais quand même un peu, et mince’’. Si on passe la silhouette, on peut apercevoir une jolie peau douce et assez pâle, qui fait très bien ressortir les yeux bleu-gris. Capillairement parlant, l’hybride est quelque peu ordinaire : ses cheveux ont une teinte foncée s’approchant clairement du noir. Quoi d’autre ? Les traits fins du visage d’Ales’ sont souvent tirés par une expression des plus neutres, voire même froides. Ses lèvres fines, quant à elles, sont souvent – pour ne pas dire toujours – le siège d’un sourire à la fois moqueur et arrogant. Sinon, le jeune homme a l’heureux propriétaire d’une queue et d’oreilles de son espèce. Et niveau vestimentaire, il n’y a pas grand-chose à dire, si ce n’est qu’il s’habille presque essentiellement avec ce qui lui passe sous la main. Très souvent – pour ne pas dire toujours – le demi-loup cache un de ses yeux avec une mèche de ses cheveux, tout simplement pour ne pas laisser la possibilité à quelqu’un de remarquer qu’il ne voit que très peu de cet œil. Il ne montre aucune gêne face à ce handicap, mais quand même ; autant ne pas montrer ses faiblesses. De même, il lui arrive d’avoir du mal à respirer mais encore une fois, il préfère de loin s’isoler pour ne pas montrer cela.

« Viens Less ! Faut qu’on se barre ! » Alessan tourna la tête vers son comparse avant d’acquiescer et de prendre la fuite avec lui. Il connaissait Jayden depuis toujours ou presque, alors le demi-loup ne pouvait que l’écouter. En fait, ils s’étaient rencontrés alors qu’il avait une dizaine d’années à l’époque ; il ne savait pas où il était, ni même comment il s’appelait et l’hybride ours – de cinq ans son ainé – l’avait pris sous son aile pour le protéger, le nommant lui-même Alessan. Depuis, ils vivaient comme ils le pouvaient en se cachant pour ne pas se faire attraper et envoyer dans un centre de dressage ou même se faire abattre comme cela avait été le cas pour un de leurs amis. Ils n’avaient beau être que des gamins, ils étaient hors la loi pour subvenir à leurs besoins en volant, cambriolant etc. Ils n’avaient pas trop le choix après toi. Après une course de quinze bonnes minutes, histoire d’être sûrs de ne plus rien craindre, les deux hybrides s’arrêtèrent enfin pour mettre en commun leur butin. Mais c’était sans compter sur Alessan qui n’arrivait plus à respirer comme souvent après des efforts aussi intenses. « Calme-toi Less, ça va passer t’inquiète. » tenta de le rassurer Jayden. Tout à coup, des voix se firent entendre alors qu’elles se rapprochaient des deux fugitifs qui se lancèrent un regard sans prononcer un mot pour l’instant. Ils se doutaient tous les deux de ce qu’il se passait mais ne voulait pas vraiment le reconnaitre. « Sauve-toi Jayden… J’me débrouillerais, vas-y. » lança Alessan avec difficulté avant de faire demi-tour et de s’éloigner tant bien que mal de son ami. Il voulait le protéger comme l’ours l’avait protégé pendant ces six dernières années ; c’était la moindre des choses. Et puis, dans son état il ne ferait que le ralentir et les mettre tous les deux en danger.

« Bouge toi le loup ! » Alessan ne réagit qu’en lançant un regard noir vers l’homme qui venait de lui adresser la parole avant de se réinstaller aussi confortablement que possible dans sa cage. Cela faisait un an et demi qu’il avait été pris en sauvant l’ours. A sa capture, et malgré ses problèmes respiratoires, il avait réussi à se défendre assez longtemps pour que son ami réussisse à se sauver ; mais à force d’agressivité, ses assaillants avaient employé les grands moyens et après un passage à tabac dans les règles de l’art et une perte de connaissance, le demi-loup s’était réveillé une semaine plus tard dans un centre de dressage avec des séquelles assez graves comme la perte quais-totale de sa vision de l’œil gauche. Pendant plus d’un an – un an et quatre mois exactement en fait – il était resté dans le centre de dressage où il était pour que des humains aussi violents que stupides essayent de le faire céder à leurs caprices de mégalomanes égocentriques. A chaque désobéissance, Aless’ se retrouvait isolé, battu ou autre ; traitement qui lui laissa d’innombrables traces sur le corps ainsi que de nombreuses blessures psychiques. Le loup détestait être enfermé ainsi et maltraité, mais il avait tout de même réussi à trouver un avantage à sa captivité : ses problèmes respiratoires se faisaient plus rares car il n’avait plus à se sauver pour diverses raisons. Non pas qu’il voulait y rester, mais c’était bien pratique. Finalement, les dresseurs sans cervelle avaient fini par décider que le demi-loup serait dressé par son futur propriétaire – ça les arrangeait bien – d’où sa présence dans cette fichue animalerie.